Au mépris de la loi sur la protection des sources promulguée le 4 janvier dernier, les tentatives d’intimidation se multiplient à l’encontre de journalistes. La semaine dernière, un confrère de L’Est Républicain était convoqué au commissariat de Montbéliard pour y être interrogé sur deux articles publiés fin novembre et début décembre 2009. Aujourd’hui, c’est un journaliste de France 3, Joseph Tual, qui est invité à "se présenter" le 30 mars, au cabinet d’un juge d’instruction à Lille. Le magistrat indique vouloir l’entendre en qualité de témoin assisté sur les faits qui lui "ont été notifiés" le 20 novembre 2008, c’est-à-dire violation du secret de l’instruction. A cette date, Joseph Tual avait en effet été entendu par ce magistrat, qui lui avait demandé ses sources suite à un reportage sur l’affaire Ben Barka, diffusé par France 3, le 22 octobre 2007. Le journaliste y révélait que cinq mandats d’arrêt allaient être rendus publics dans le cadre de ce dossier d’enlèvement d’un opposant marocain, le 29 octobre 1965, à Paris. Mehdi Ben Barka n’a jamais été retrouvé. Joseph Tual avait refusé de donner ses sources au magistrat. Depuis, la loi permettant aux journalistes de mieux protéger leurs sources a été promulguée le 4 janvier 2010. Pourquoi cette nouvelle convocation ? Comme pour son confrère de L’Est Républicain, le Syndicat National des Journalistes, première organisation de la profession, exprime son entière solidarité envers Joseph Tual. Il va étudier les actions qui s’imposent pour faire cesser cette véritable épidémie dont les journalistes semblent bien être les cibles.