Seniors : le SNJ
ne signera pas
L'enfer est parfois pavé de bonnes intentions... Depuis la promulgation de la loi sur
le financement de la sécurité sociale en 2008, toute entreprise devait d'ici le 31
décembre se doter soit d'un accord (avec les organisations syndicale) soit d'un plan
d'action visant à maintenir dans l'emploi les plus de 55 ans, et favoriser le
recrutement des plus de 50 ans. Louable intention mais dont la traduction concrète
alors que 600 000 jeunes vont entrer sur le marché du travail, que le taux d'emploi
des seniors en France est l'un des plus bas d'Europe, que l'emploi dans le secteur
de la presse est sinistré, que la réforme des retraites s'annonce, est difficile.
Le SNJ s'est donc engagé dans les discussions sur les seniors lors de deux
séances (seulement, alors que le sujet est vaste) de négociation. Mais l'accord
proposé à sa signature – s'il collectionne quelques avancées – présente un défaut
congénital. Il ne chiffre pas d'objectifs concrets en terme d'emploi au sein de la
SNPEI. Et sans cette garantie le SNJ ne pouvait cautionner un tel texte. Celui-ci
deviendra donc un plan d'action, une sorte d'engagement unilatéral de l'entreprise,
qui sera valable pour les trois années qui viennent. Et il permettra surtout, dans le
contexte plus que tendu de la trésorerie de la SNPEI, d'éviter de payer une pénalité
de 1% de la masse salariale en raison de l'absence de tout plan seniors.
Le texte présenté par la direction, qui vraisemblablement se transformera en plan
d'action, amendé par les revendications du SNJ, comporte quelques points
intéressants. Il met en place des entretiens dits de seconde partie de carrière pour
les plus de 45 ans. A la demande des salariés, un entretien consacré à la
construction d'un nouveau projet priofessionnel au sein de l'entreprise pourra être
réalisé (avec des informations délivrées sur les formations, les objectifs du salariés,
les souhaits de mobilité, les éventuels aménagements d'emploi....). L'entreprise
s'engage aussi à ce que chaque salarié de plus de 45 ans puisse bénéficier d'une
action de formation tous les trois ans.
Autre piste intéressante, mais non aboutie, le développement du tutorat sur la base
du volontariat, afin d'accueillir au mieux les jeunes journalistes, voire aux personnes
mutées. Problème : si le texte précise que chaque tuteur bénéficiera d'une
formation délivrée par un organisme agréé, il ne prévoit rien pour le salarié qui
exercera cette mission supplémentaire. Il n'y a pas par exemple un quota d'heures
pour assurer ce tutorat. Comment, dans ces conditions, exercer valablement cette
mission ?
Dans le même esprit l'accord proposé à la signature du SNJ prévoit, pour ceux qui
travaillent la nuit ou qui exécutent des travaux de manutention et charges lourdes,
la possibilité de demander de passer à temps partiel à partir de 57 ans. Trois
remarques : tout salarié est fondé à demander un temps partiel, et cela quelque soit
son âge ou la pénibilité de son emploi. A l'entreprise de décider de l'accorder ou
non. Par ailleurs l'entreprise se fixe, dans les conditions limitatives qui sont les
siennes, l'objectif de répondre favorablement à 10 % seulement des demandes.
Enfin, et c'est là où le bât blesse vraiment, l'entreprise ne prévoit rien pour
remplacer les personnes travaillant à temps partiel (il s'agit donc de tailler un peu
plus dans la masse salariale) et n'abonde pas les cotisations sociales des partants
(comme c'est le cas dans de nombreux accords sur les départs en retraite
progressifs qui permettent de travailler à temps partiel, d'être payés au prorata des
horaires mais de bénéficier de cotisations sociales calculées sur un équivalent
temps plein). Un vrai marché de dupes. Le texte propose aussi d'étudier
spécifiquement la part des seniors dans les jours d'arrêt de travail. L'initiative est
bonne si cela est suivi d'actions concrètes pour limiter ces arrêts de travail (une
visite supplémentaire à la médecine du travail par exemple, des actions de
prévention). Mais rien n'est pour l'instant prévu.
Enfin l'entreprise, qui ces deux dernières années a embauché 10,5% de seniors,
s'engage à doubler ce pourcentage. Problème : il ne s'agit que d'un pourcentage.
Sachant qu'en CE le Pdg a expliqué qu'il en ferait des embauches qu'en cas
d'absolue nécessité, la portée de cet engagement est singulièrement limitée.
Le SNJ ne cautionnera donc pas cet accord.