Le Syndicat national des journalistes publie sur son site national le communiqué suivant concernant les quotidiens haut-normands et plus largement l'ensemble de Groupe Hersant Médias.
Depuis plusieurs mois, les journalistes et les autres salariés des journaux du Groupe Hersant Média se battent, dos au mur, avec le soutien du Syndicat National des Journalistes, pour maintenir en vie leurs 13 quotidiens, défendre le pluralisme de l’information et sauver leurs emplois. Paris-Normandie, Le Havre Libre, Le Havre Presse, Le Progrès de Fécamp, L’Union de Reims,Libération Champagne, L’Ardennais, L’Est Éclair, L’Aisne Nouvelle, Nice Matin, Var Matin, Corse Matin et La Provence sont au cœur d’une tourmente financière, victimes potentielles d’un désengagement des héritiers Hersant. Ces actionnaires majoritaires du groupe qu’ils ne contrôlent même plus, se désintéressent de l’avenir d’une presse régionale dont ils avaient pourtant la responsabilité.
Parce que la presse n’est pas un secteur marchand comme les autres, la partie de Monopolyfinancier dans laquelle les héritiers Hersant se sont engagés est inacceptable, moralement et politiquement. Par concentration, "mutualisation", ou liquidation judiciaire, la disparition de certains de ces titres de presse, souvent emblématiques de leurs régions depuis la Libération, risque de laisser orphelins des centaines de milliers de lecteurs. Ce serait le cas notamment de la Normandie qui, en cas de liquidation des journaux normands, pourrait ne plus avoir aucun quotidien régional. C’est donc bien le pluralisme de l’information, pourtant garanti par l’article 34 de la Constitution, qui risque ainsi d’être remis en cause.
Un désastre prévisible dont sont saisis depuis plusieurs semaines les différents ministères concernés. Le nouveau Président de la République, le nouveau gouvernement et cette nouvelle majorité doivent-ils accepter sans réaction une restructuration à la hache de ce groupe de presse régionale ? Le prix à payer : ce sont plusieurs centaines de licenciements et un recul irréversible de la diversité de la presse française.
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les parlementaires, êtes-vous prêts à laisser faire ces fossoyeurs d’une partie de notre presse régionale ? Nous voulons croire que les pouvoirs publics vont tout mettre en œuvre pour empêcher cette catastrophe économique, sociale et démocratique désormais imminente.
Paris, juin 2012